La nuit venait de tomber lorsque Taurrandir quitta Aelor pour effectuer sa patrouille entre le village et le bosquet druidique. Il comptait profiter de l'occasion pour aller voir la druidesse. Une buse était venue lui porter un message de sa part: elle souhaitait s'entretenir avec lui au sujet de perturbations dans la forêt, entre autres choses.
La lune n'était pas encore au zénith lorsque Taurrandir sentit un frisson lui parcourir l'échine. Il sentait une présence autour de lui, mais rien de précis. Soudain, son regard se voila, et il perdit conscience...
Quand il se réveilla, la lune était en phase descendante.
- Que s'est-il passé ? se demanda-t-il. Comment ai-je pu m'endormir en un endroit pareil, avec des bulettes à proximité ?
Avisant un hibou, il tenta d'entrer en communication avec lui, mais le rapace s'envola en ululant.
Taurrandir reprit son chemin vers le bosquet druidique.
Quand il y arriva, la druidesse l'attendait.
- Taurrandir, l'accueillit-elle. Bienvenue, fils de la Nature.
- Merci de me recevoir, dame de la Forêt, lui répondit le rôdeur en s'inclinant. Vous désiriez me parler ?
- Oui. Tu le sais, les arbres chantent leur joie de savoir Kheltrahe de retour. Mais ils se pleurent également de sentir leur sol foulé par des créatures aussi infâmes que contraires à l'Equilibre.
- Les morts-vivants... murmura Taurrandir.
- Exact, repliqua la druidesse. Comme si ces saletés d'Yrch ne suffisaient pas ! cracha-t-elle. Mes messager ont remarqué en outre que beaucoup de ces aberrations concentraient leur attention... sur toi.
À ces mots, Taurrandir frémit et ne put soutenir bien longtemps le regard implacable de la druidesse.
- Vous avez raison, dame de la Forêt. Leur chef me traque. Le bourgmestre d'Aelor m'a convaincu de rester pour stopper leur progression, et je ne suis pas du genre à fuir devant le danger.
- Peut-être le bourgmestre d'Aelor aurait-il dû se demander ce qu'en penseraient les habitants des zones sauvages... Enfin, ce qui est fait est fait, et ce mal est trop solidement ancré dans la région pour qu'on en vienne facilement à bout. Tu as ta part de responsabilité, j'ose espérer que tu ne les fuiras pas.
- Je vous l'ai dit, je ne fuis pas face au danger !
- Oui, tu es aussi insconcient qu'un humain à cet égard, reprit la druidesse avec un sourire. Bien. Ceci étant réglé, j'aimerais que tu me parles de Kheltrahe. Cette cité est proche du bosquet, mais je n'ai pu m'y rendre pour le moment.
Taurrandir entreprit de raconter à la druidesse tout ce qu'il avait vu à Kheltrahe. Celle-ci était absorbée dans une demi-rêverie, alors qu'elle visualisait les scènes que son hôte lui décrivait.
- Qu'est-ce que... ? fit-elle en se relevant et en empoignant son arme.
- Que se passe-t-il, dame ? demanda Taurrandir en dégainant ses épées.
- J'ai ressenti une présence... maléfique, au sein-même du bosquet. Ce n'est pas normal, répondit-elle en scrutant les alentours.
Tournant le regard vers le demi-elfe, elle reprit:
- Je pense qu'il est teps que tu repartes pour Aelor, veiller sur les humains. À moins que tu ne veuilles aller goûter un peu au calme de Kheltrahe. Mais mes tâches m'attendent, et je ne puis m'y dérober. Bonne route, fils de la Nature.
- Eau pure et rires légers, dame de la Forêt, la salua Taurrandir.
Alors qu'il se dirigeait vers Kheltrahe, Taurrandir ne pouvait s'empêcher de songer au changement d'attitude subit de la druidesse...